17 août 2023

Le Cloître des vanités - la romance historique

Coucou les livrophiles! Je vais prendre comme exemple le roman de Manon Ségur, une jeune autrice prometteuse, pour vous donner quelques pistes permettant de créer un décor de jeu romantico-historique. Ici avec son Cloître des vanités, Manon nous emmène dans un récit à l'époque féodale, fortement imprégné de catharisme, et avec une touche fantastique. Nous y suivons la rencontre du démon Sernin, maître d'un petit paradis personnel et magique, avec une congrégation cathare voyant sa ferveur renforcée par l'achèvement de la cathédrale Saint-Joseph. Démon ancien face aux fidèles d'une foi nouvelle, cela reste un thème plutôt classique, mais la plume de l'autrice sait éviter les banalités pour nous offrir ici une approche plus subtile et moins manichéiste. 

Bon, pour jouer de la romance, rien de bien compliqué. Il nous faut quelques personnages à qui nous ferons éprouver des sentiments, généralement contrariés par leur condition sociale, et avec comme seule opportunité possible la relation avec l'antagoniste - ou un pion aisément manipulable par ce dernier - c'est à partir de là que nous pourrons tisser des intrigues ancrant nos protagonistes dans l'histoire, celle en cours de développement, comme celle avec le grand H. 

Transcrire un élément tragique, comme il y en a quelques-uns dans le Cloître des vanités, implique des dilemmes moraux, des entorses envers ses croyances religieuses, envers la morale. C'est d'ailleurs là tout le sel de ce genre; Aller mettre en avant les éléments humains et individuels en les incluant dans la trame historique. Et inutile de se perdre dans les détails réalistes, nous avons toutes et tous des images d'Epinal associées aux différentes époques de l'Histoire, cela suffira amplement à planter le décor, même si l'autrice du Cloître des vanités est une amoureuse des vieilles pierres, nous gratifiant de descriptifs précis, toute la connaissance associée à une époque ne doit finalement servir qu'à pouvoir poser une atmosphère en fonction de l'aspect romance, tragique ou plus légère. 

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Pour ce qui est de l'adaptation de la romance historique avec les règles d'ULUJ, je ne vois pas de raison de modifier la quantité de jetons attribués à l'ADA - Action, Drama, Audace - les personnages ancrés dans l'Histoire seront a priori des individus ordinaires, se caractérisant plutôt par leur Etoffe, moins fantasque que dans d'autres thématiques, et pourquoi pas plutôt orienté vers des proverbes ou des éléments historiques plus classiques, tels que Spadassin ou Brodeuse. Bien qu'il ne faille pas forcément jouer dans une atmosphère sombre et torturée, le genre se veut plus ancré dans le réel - Oui bon, il y a bien un démon dans le Cloître des vanités - en tout cas plus en résonnance avec le genre historique.

Pas vraiment de changements particuliers pour le Point fort, restant une spécialité du personnage, et bien entendu, ne devant pas apparaître comme loufoque ou incongru, afin de respecter l'atmosphère de la romance historique. Il n'est pas non plus exclu de proposer des personnages flamboyants, à la Cyrano. L'intérêt de tels personnages étant alors de contrebalancer leur exubérance par des drames et des failles plus profondes. 

La Tirade sera probablement l'élément le moins employé dans cette thématique, elle pourra appuyer l'Etoffe ou se focaliser sur une émotion dominante éprouvée par le personnage, elle n'exclue en rien de la nuance, permettant alors de donner encore un peu plus de profondeur au personnage.  

01 avril 2022

Tu veux jouer? Amènes ton livre préféré!

 



Coucou les bouquinovores! Eh mais en fait, ULUJ veut dire Un Livre, Un Jeu, mais pourquoi ne pas amener son livre favori à la prochaine session, et créer une aventure à partir de passages de celui-ci? Nous pourrions très bien décider ainsi de raconter une histoire, en puisant directement dans le talent évocateur de nos auteurs et autrices favorites. 

A partir de là, plus aucune limite à l'expérience! Nous pourrions décider d'un nombre prédéfini de marque-pages, pour ne pas feuilleter tandis que nos camarades développent l'histoire, voir même décider de contraintes - Uniquement des romans de Stephen King - ou encore d'une thématique - des livres de cuisine - et bien entendu, il s'agirait ici de narration totalement partagée, les uns rebondissant aux mots des autres, avec passation à des moments opportuns, en fonction du plaisir à prendre la parole, en suivant plus ou moins une certaine cohérence. 

Et plutôt que de réciter les passages d'auteurs et autrices publiés, pourquoi ne pas essayer d'en tirer toute la substantifique moelle, en l'adaptant afin d'aller vers la création d'une narration commune et construite? Pourquoi pas en griffonnant un début, quelques jalons, et une fin. Nous aurions ainsi une version rôliste de Il était une fois, le jeu pour créer des contes, de Richard Lambert, Andrew Rilstone et James Wallis, mais cette fois-ci avec des livres et paragraphes choisi, en guise de cartes. Rien n'empêche d'ailleurs d'employer les fameuses cartes, en tant que contraintes pour diriger quelque peu le récit, même si quelques post-it peuvent servir aussi bien. 

Ainsi, plutôt que de jouer à ULUJ avec le support d'un livre unique, passant de mains en mains, chaque participant.e décidera d'amener un ouvrage, et tentera d'intégrer ses passages favoris à une création commune, pour le simple plaisir de créer, mais aussi de voir se rencontrer Benvenuto, de Gagner la guerre, et Leto II, de l'Empereur-dieu de Dune. Ce serait l'occasion d'intégrer l'idée du crossover, très courant en bande dessinée ou dans les séries télévisées, à l'univers littéraire! 

Il me semble plus intéressant d'adapter les passages choisis à ceux déjà racontés par nos camarades, afin d'entretenir une certaine cohérence, probablement toute relative après quelques lectures! Les noms ou lieux puisés dans notre roman pourront ainsi changer afin de maintenir la continuité du récit, par exemple dans votre exemplaire des Noces pourpres, Catlyn Stark pourra très bien être remplacée par la Enola Holmes du lecteur précédent, et à qui vous ferez subir quelques violences. L'idée pourra devenir rapidement loufoque, ou terriblement choquante! N'hésitez pas non plus à prendre des notes, à tour de rôle, afin que tout le monde garde le fil. 

Voilà pour cette idée de narration différente, à vous maintenant de me dire si vous voyez certains développements à ce concept. Je suis toujours très curieux de savoir ce qu'il vous passe par la tête, n'hésitez donc pas à laisser quelques mots en commentaire! 


15 septembre 2021

Mets du Neil Gaiman dans ton ULUJ!

 

Coucou les livrophiles! Aujourd'hui, afin d'égayer un peu nos parties enfiévrées avec ULUJ - oui, je sais que nous sommes tout juste une douzaine à le pratiquer - je vous propose d'introduire du Neil Gaiman dedans. Pas de panique, ce n'est pas très calorique, et tout à fait goûtu!

Alors je ne vous cache pas que, depuis deux décennies, cet auteur est devenu un modèle pour moi. Ses univers sont autant de claques à mon imagination, amenant invariablement de nouvelles réflexions, et surtout, en matière de narration pour le jeu de rôle, ce sont ses personnages qui auront amené le plus d'évolutions aux miens. Je tente donc ici de partager avec vous quelques clés afin que vous puissiez également saupoudrer votre pratique rôliste de cet auteur exceptionnel.


1. Humanité

Evidemment, le premier élément associé au style Gaiman est son amour pour ses personnages. Là où nous aurons souvent tendance à ne pas oser les débordements émotionnels pour nos antagonistes, ceux des romans et des comic books de Neil Gaiman ont toujours l'air d'avoir un grain de folie. Le Corinthien est bien un aspect cauchemardesque en vadrouille, il ne se prive toutefois pas de quelques tirades le rendant... humain. Bon, presque humain. Ce que je trouve toujours de différent chez cet auteur à ce sujet, est que tout simplement, il n'y a jamais de grandiloquence, les héros et héroïnes n'en font pas des caisses, dans leurs instants marquants, ils sont dépeints comme faisant juste leur job, ce qui bien sûr les humanises, même s'ils n'ont rien d'humain.

Les protagonistes sont toujours maladroits, avec des failles touchantes ou des habitudes loufoques. Le Monstre, chez Gaiman, fait souvent sourire, même s'il peut rester dangereux. La notion d'humanité est ainsi visible dans bon nombre de récits de l'auteur, tant dans Sandman, où Morphée essaie de comprendre l'Humanité, que dans American gods, dans lequel les divinités anciennes s'attachent aux humains. Gaiman nous montre toujours des traits auxquels nous pouvons nous identifier, des fragilités et des doutes trop rarement perceptibles ailleurs. 


2. Fantastique

De nombreux auteurs et autrices utilisent le fantastique, qu'ils et elles injectent dans un quotidien morne, gris et souvent fait de routines. Le principe de l'éveil, de l'élu, est classique, mais en y ajoutant le premier point abordé plus haut, ce basculement vers l'étrange prends chez Neil Gaiman une saveur bien particulière. Dans Stardust par exemple, le monde ordinaire est séparé d'un autre qui l'est bien moins par un simple muret dans un champ, les protagonistes ont bien conscience de ce fait, l'intègrent même dans un univers cohérent. Plus encore que l'habituel basculement, c'est un effet d'aller-retour que nous retrouvons souvent chez Neil Gaiman. Les entités non-humaines vivent en marge, dans des brumes ou sous des ponts, qui sont autant de poches d'étrangetés, mais s'avérant poreuses. Poreuses à l'Humanité, car là encore, les émotions sont au cœur de ces personnages fantastiques. Malgré la cruauté de beaucoup de ces entités, elles sont également capables d'empathie, et sans parler de celles qui sont simplement victimes des Hommes, l'on fini souvent par comprendre et accepter ces lieux et domaines étranges comme naturels. En somme, penser à présenter les éléments fantastiques comme... Fantastiques, puis revenir sur eux d'une manière plus ordinaire.


3. Histoire

Neil Gaiman n'invente pas ses univers, il les assemblent à partir de mythes et de légendes nous titillant toutes et tous, jouant avec eux comme avec nous, afin de nous présenter des éléments surprenants, à la base très académiques, mais prenant sous sa plume un côté pop particulièrement plaisant. Je pense à Norse mythology, mais plus encore à American gods ou Anansi boy. L'Histoire avec la grande Hache est un fil conducteur ancré dans nos inconscients collectifs. Ces références, de par la culture pop, parlent même à celles et ceux n'ouvrant que rarement des livres, et j'imagine que l'une des tâches de l'auteur est de s'imprégner de cette culture à travers les réseaux sociaux, où il est très actif. L'Histoire est citée, manipulée pour y faire entrer des éléments fantastiques, tordue dans tous les sens, mais respectée dans ses grandes lignes. On la retrouve dans Good omens, dans American gods et Sandman. 


Bien entendu, si vous avez perçu d'autres éléments propres au style de Neil Gaiman, je vous laisse partager vos trouvailles en commentaire! 

13 avril 2021

Comme dans une bd!

 


A mes yeux aussi riche que la littérature plus classique, le monde de la bande-dessinée est encore fréquemment considéré comme réservé aux plus jeunes esprits, alors que la richesse du neuvième art pourrait en démontrer à bien des auteurs. 

Je ne vais pas me lancer dans la création d'un nouveau blog à chaque fois que je veux adapter un support au jeu de rôle, et les passerelles entre romans et bande dessinées existent déjà suffisamment en assez grand nombre pour poser tout ça ici. J'aurai pu montrer également montrer le lien avec les sérivers de Comme à la télé, mais je vois un peu plus de ponts entre romans et bande dessinées. Comme dans une bd sera donc adapté via ULUJ plutôt qu'avec CàlT, cela n'aura guère d'incidence, de toute manière. 

Avec le support graphique pour aider à l'immersion, la bd, et plus particulièrement le comic book dans mon cas, part avec un grand avantage auprès des novices comme de celles et ceux aimant le fantastique ou la science-fiction. Je vais prochainement proposer American gods ou encore la Ligue des gentlemen extraordinaires, des œuvres déjà adaptées en films et séries, qui auront donc déjà touché des publics plus larges que ceux de leurs supports originaux. 

Je ne vois rien à adapter en terme de technique, et me servirai donc des règles pour ULUJ sans modification. Etoffe, point fort et Tirade seront ainsi restitués à travers des univers visuels aux saveurs différentes de leurs contreparties livresques. Pour une première salve de one-shot, j'ai choisi des comic books aux univers très marqués, comme Fables, la Ligue des gentlemen extraordinaires, Sandman, American gods et Moonshine. Les personnages vont ainsi pouvoir incarner des êtres hors du commun, souvent inhumains, tout en ayant des exemples visuels de l'ambiance, chose difficile à retranscrire rapidement avec des livres, et très limités avec les exemples de sérivers, dont les budgets pourtant énormes peinent à traduire des effets visuels de grande ampleur. 

Comme dans une bd! aura donc les mêmes règles que ULUJ, mais je vois déjà quelques petites astuces pour profiter pleinement du format comic book. Par exemple en présentant des planches afin de favoriser l'immersion et rythmer les scènes. Les participant.e.s pourraient même avoir accès à l'œuvre de référence, en format papier ou plus sûrement sur tablette, afin de pouvoir également amener des planches soutenant les actions qu'ils et elles souhaitent amener - on pourrait même envisager quelque chose à faire en combinant les mises classiques de ULUJ et d'éventuels bonus narratifs lorsque quelqu'un autour de la table présente une planche indiquant la saveur de la scène allant commencer. 

Plutôt qu'une Ellipse, utilisable avec des jetons noirs, il serait ici visuellement intéressant de sauter vers la première case d'une autre planche. La difficulté de l'action en cours permettant possiblement de déterminer le nombre de cases ainsi sautées. Les Flashbacks fonctionneraient de la même manière, offrant alors l'opportunité d'aller puiser dans de précédents numéros du comic book, afin d'y trouver de la matière utilisable pour ouvrir de nouvelles scènes. Il s'agirait alors de cumuler des jetons noirs, puis de se concerter pour trouver un élément utile à la suite de l'aventure. De la même façon, les antagonistes seraient potentiellement affecté par ces sauts d'une planche à l'autre, subissant des malus sur leurs actions face aux avantages retirés par les dépenses de jetons noirs des protagonistes. L'idée de rendre les limites physiques de la bande dessinée me plaît assez, et même si cela apporte un côté méta, voir cartoon, je pense qu'en soignant la mise en scène, cela pourrait fonctionner dans certains cas. Dès que l'aspect dramatique prévaut, cependant, je déconseille ce genre de pratique, pouvant clairement nuire à l'atmosphère propre de l'œuvre.

Voilà donc mes premières idées afin de profiter du format comic book durant de prochaines aventures rôlistes. N'hésitez pas à me laisser des commentaires si vous avez envie de partager des idées à ce sujet. Je reviendrai probablement avec des articles sur des bande dessinées spécifiques, ayant en leur sein de quoi changer les habitudes de jeu, en enrichissant l'expérience ludique. 


07 avril 2021

Adapter les romans sombres et épiques à ULUJ!

 

Coucou les bouquinovores! Sombre et épique, vous allez me crier dans l'oreille qu'il y a déjà Warhammer, et probablement pleins de références plus obscures mais ressemblant finalement toutes à Warhammer. Alors oui d'accord, c'est vrai, mais je veux bien voir s'aligner devant moi les braves trouvant ce jeu ouvert aux novices et favorisant la narration! Ahah, eh oui, c'est un vénérable ancien, mais que je considère comme réservé aux rôlistes pur jus, à l'ancienne, ceux ne se nourrissant que de chips Lays et de coca non light. Allez, j'en termine avec cette longue intro!

Lorsque je titre sombre et épique, je pense surtout à la Compagnie noire de Glen Cook et plus récemment, Chevauche-brumes de Thibaud Latil-Nicolas, de la fantaisie féodalisante donc, avec une bonne dose de surnaturel, de la violence tout partout et des personnages pour le moins en cinquante nuances de gris à minima. Il faut évidemment ajouter à ce début de belle brochette d'auteurs le sieur Jean-Philippe Jaworski et ses univers livresques époustouflants, tous ont en commun des anti-héros, un peu pourri sur les bords, mais possédant néanmoins une once d'humanité, se manifestant d'autant plus vivement que le monde autour d'eux est empreint de bassesse d'âme et de malveillance. 

Quelle est donc la recette pour adapter ces merveilleux univers en termes de jeu de rôle? Déjà, à mon goût, le format ULUJ se prête mieux à cette interprétation, qu'un système à l'ancienne, trop rigide pour retranscrire des ambiances et atmosphères se posant par petites touches, et ne supportant pas l'aléatoire d'une multitude de jets de dés, ou de tables de caractéristiques figées. Le côté sombre de ces œuvres passe par la narration, pouvant être appuyée par des musiques ou un décor, par les descriptifs vivants de sociétés dont les habitants vivent avec une sorte de fatalité chevillée au corps, une oppression pouvant être politique, sociétale ou tout simplement plus diffuse mais bien présente. A contrario, les protagonistes seront d'une étoffe morale plus souple, n'allons tout de même pas parler de "gentils", mais plutôt d'individus ayant conscience de la dur réalité, se tenant en marge de la société, ou au contraire, étant les prédateurs de leur milieu social. 

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Concernant l'aspect technique pour ULUJ, il serait intéressant de proposer une valeur de Drama (▲)cachée, indiquant peut-être une fêlure, où plus sûrement une armure permettant aux protagonistes de se protéger face aux rigueurs d'un monde trop dur. Au fil des liens affectifs se tissant, cette valeur se révèlerai lentement, amenant les personnages à leur plein potentiel, mais pouvant également les affaiblir face à des adversaires toujours aussi impitoyables. Tout cela encouragerai, je pense, la mise en place de belles tragédies personnelles. Autre ajustement à penser, une limitation dans l'Audace (◉)héros et héroïnes de ces univers bien dark comptant plus souvent sur les capacités qu'ils et elles maîtrisent, plutôt que sur la chance et le hasard. Cette valeur reste cependant primordiale dans de nombreuses situations, inutile donc de la réduire de manière exagérée. Mais mettre une limite à 3◎ me semble raisonnable.

L'Etoffe et la Tirade ne pourront pas, dans ce contexte, s'orienter vers l'humour, encore moins la flamboyance. Les protagonistes cherchent avant tout à passer inaperçu, l'un des éléments du roman sombre étant que tous les malheurs du monde leur tombe dessus, et que la moindre action d'éclat risquera d'attirer l'attention d'antagonistes redoutés. Pas de flamboyance ne veut cependant pas dire anonymat. Geralt de Riv, par exemple, est clairement maudit, tout comme Elric de Melnibonnée, et les deux se distinguent par quelques traits physiques reconnaissables. Il n'en reste pas moins que les protagonistes dans une contrée comme le Bleu-royaume auront tendance à vouloir passer inaperçu, aussi bien de par leur comportement que par leur souci d'éviter le moindre ennui. 

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Comme indiqué dans l'article Les narrations dans ULUJ, l'idée de marquer le découpage de l'aventure en scènes peut se ponctuer par la lecture d'extraits des romans dans lesquels vous allez jouer. Rien de tel afin de poser une atmosphère, bien que cette méthode narrative implique une connaissance préalable des écrits. 

Je suis en tout cas très curieux d'avoir vos retours concernant ce genre d'expérience, en sachant que jouer des êtres tourmentés, dans des univers réellement sombres, relève souvent de la gageure. Cet article, comme les autres pour ULUJ, va évoluer en fonction de nos expériences partagées. Merci d'avoir lu ce premier jet! 


18 octobre 2020

Créer des antagonistes dans ULUJ!

 


Dans les livres comme dans les séries télé ou au théâtre, plus encore qu'un beau héros ou une belle héroïne, il faut proposer un méchant de qualité. Contrepoint aux valeurs véhiculées tout au long du récit, repoussoir moral, parfois physique, l'Antagoniste est un élément clé de la narration, et négliger son développement est une erreur que nous retrouvons dans toutes nos lectures les plus oubliables. Les grands auteurs et autrices nous offrent régulièrement de magnifiques antagonistes, celles et ceux que nous aimons tant détester. Pour en arriver à ces grandes figures d'ennemis légendaires, eh bien ma foi, il faut posséder quelques bases d'écriture, et tenter des trucs! 

Une évidence qui n'en est pas forcément une; Le méchant est un individu comme les autres. Napoléon du crime, ombre énigmatique ou extraterrestre prenant forme humaine, ces antagonistes ont toutes et tous des besoins physiologiques, s'ils sont humains, des émotions perceptibles, et surtout, des fêlures. La création des antagonistes passe obligatoirement par là; Donner d'abord des faiblesses, des sentiments et de l'humanité, avant de recouvrir tout cela d'une couche parfois épaisse de badassitude, d'inexorabilité et de vilénie. Cet aspect de l'Antagoniste est d'autant plus intéressant lorsqu'il paraît invincible, toujours capable de prévoir les actions de nos héros et héroïnes. Face à cette force de la nature, découvrir une faille ordinaire reste souvent un excellent ressors scénaristique, et la seule manière de vaincre.

Autre évident lorsque l'on écrit un peu; Ancrer les motivations du méchant dans les parcours de vie de nos protagonistes. Le lien familial est une solution - "je suis ton père" résonne pour l'éternité - mais en termes de jeu de rôle, cela fonctionnera également bien avec le drame partagé. Peut-être que les protagonistes ont été marqué par un acte de notre méchant, mieux encore, ce sont leurs propres actions qui auront provoqué sa naissance en tant qu'Antagoniste. Les techniques scénaristiques sont assez peu nombreuses finalement, mais tout le talent consiste à les tordre dans tous les sens, pour arriver à une infinité de possibilités. 


J'ai jusqu'à maintenant mentionné un grand méchant, l'Antagoniste avec un grand A, qui pourra ne se révéler que tardivement dans le récit - parfois en ayant été toujours au côté des protagonistes - mais ces deux conseils d'humaniser l'individu, et le lier au passé des héros et héroïnes va également s'appliquer à toutes les rencontres possibles. Les personnages secondaires doivent également droit à ce traitement, leur rôle est en effet primordial afin de donner de la profondeur au récit, et c'est à travers eux que les actions des protagonistes prendront toute leur importance, toute leur densité. Les antagonistes, avec le petit a sont les petites mains de la bonne dramaturgie, plus encore qu'un grand méchant très méchant (ou pas), ce sont les interactions plus fréquentes des protagonistes avec ces seconds couteaux qui vont permettre de faire avancer l'intrigue. Chaque nouvelle rencontre pouvant potentiellement apporter un revirement de situation. L'important étant que tout ce petit monde doit garder sa cohérence personnelle, en particulier dans ses émotions. D'expérience, les participant.e.s peuvent pardonner sans problème des incohérences au niveau du monde (problème de distances, par exemple), mais se sentiront comme trahi par une interprétation différente de leur méchant préféré. 

Une technique que j'emploie de plus en plus souvent, quel que soit le jeu de rôle, est celle du bouffon. Un antagoniste - jamais le méchant principal, attention - ridicule, que les protagonistes peuvent aisément maîtriser. Je le place toujours en introduction de session, afin de rassurer les novices et amener rapidement une cohésion de groupe, autour d'enjeux assez légers, pouvant être contournés sans risque pour les personnages. Je profite de la présence de cet antagoniste éphémère pour planter le décors, c'est d'ailleurs pratiquement son unique fonction. Je sais que bon nombre de mj n'aiment pas "gâcher" leur super campagne sur dix-huit sessions de huit heures avec de tels procédés, mais il faut vraiment dépasser tout ça, et offrir l'opportunité aux participant.e.s de souder leur groupe autour d'un antagoniste de moindre envergure. 

Je m'arrête là, mais si vous avez des questions au sujet des antagonistes, n'hésitez pas à les poser en commentaire!