18 octobre 2024

La saga de Crystar!

Ah d'accord, sur ce coup, pas de chef d'œuvre littéraire mais juste un petit coup de sentimentalisme marvelophile, nous ramenant en 1983, date à laquelle l'éditeur proposait un titre en onze épisodes, la saga de Crystar! Bon, en réalité, il s'agissait, comme souvent en ces temps lointains, de promouvoir une gamme de jouets, ici en partenariat avec Remco. 

A partir d'un postulat assez basique, deux princes rivaux devenant les pions de puissants sorciers au service de l'Ordre et du Chaos, nous avons ici droit à un certain dépaysement nous emmenant sur le monde de Crystalium, où le règne minéral prédomine, et où donc une ancienne prophétie, énoncée par un Roi-démon, annonce le retour et le triomphe du Chaos. Le nouvel agent du destin se nomme Zardeth, il est borgne et s'habille en noir, c'est donc lui le méchant, et il fera tout pour corrompre Moltar, le frère jaloux du gentil prince Crystar, qui sera pour sa part trahi, laissé pour mort par son frère, qui rejoindra Zardeth et deviendra avec ses vassaux un homme de lave, tandis que Crystar, sauvé par le gentil sorcier Ogéode, sera fusionné avec le cristal Prisma, et deviendra donc encore plus pur et scintillant.

Va s'ensuivre les habituelles bagarres de chez Marvel, tout problème se résolvant dans la violence, mentalité ricaine oblige, et malgré la trame vraiment très fragile de ce récit, eh bien il y a quelque chose, une sorte de fulgurance, basée en particulier sur les émotions conflictuelles entre les deux frères, mais également entre les seconds couteaux, pourtant les sempiternels archétypes guerriers des eighties - le badass, le plaisantin, le sérieux - La confusion entre les dichotomies Loi/ Chaos et Bien/ Mal montre que le sujet n'a pas été vraiment bossé, et que l'idée de Marvel était vraiment de refourguer la licence à un fabricant de jouets.   

Côté règles pour ULUJ, j'avais déjà parlé de quelques idées associées au format BD, dans l'article Comme dans une BD, il faudra par contre effectuer un travail de fouille archéologeek afin de retrouver les onze épisodes de la saga, permettant de jouer avec les cases, la dépense de ● permettant de se déplacer dans la bd, en interprétant la scène sur laquelle nous arrivons. Pour le reste, je pense attribuer d'emblé +1◎ en Action, les enveloppes cristallines et magmatiques des protagonistes offrant une vigueur surhumaine.


Pour l'ambiance, c'est assez simple; C'est de la Sword & Sorcery à la Conan, excepté que les belligérants ont renoncés à une partie de leur humanité afin de devenir des êtres magmatiques ou cristallins. Le cristal Prisma, bien que présenté comme la source du "Bien", semble avoir une origine inconnue, et même Ogéode, le Gandalf local, ne maîtrise clairement pas bien ses pouvoirs. Il va cependant pouvoir transformer armes et créatures en contreparties minérales, tandis que Zardeth fera de même avec le pouvoir du magma, qui pour le coup, semble bien plus local que ce fichu cristal alien. 

Vous l'aurez compris, la Saga de Crystar ne vous retournera pas le cerveau en tant qu'œuvre graphique, mais propose néanmoins une idée dépaysante pour jouer dans une variation fantastique d'un monde en grande partie sauvage, et les différentes dualités peuvent facilement devenir des pistes de développement intéressantes. A essayer! 


Oui-oui, c'est Alpha flight qui s'invite dans la saga, tout comme Nightcrawler et Doctor Strange... Les caméos existaient déjà! 







17 août 2023

Le Cloître des vanités - la romance historique

Coucou les livrophiles! Je vais prendre comme exemple le roman de Manon Ségur, une jeune autrice prometteuse, pour vous donner quelques pistes permettant de créer un décor de jeu romantico-historique. Ici avec son Cloître des vanités, Manon nous emmène dans un récit à l'époque féodale, fortement imprégné de catharisme, et avec une touche fantastique. Nous y suivons la rencontre du démon Sernin, maître d'un petit paradis personnel et magique, avec une congrégation cathare voyant sa ferveur renforcée par l'achèvement de la cathédrale Saint-Joseph. Démon ancien face aux fidèles d'une foi nouvelle, cela reste un thème plutôt classique, mais la plume de l'autrice sait éviter les banalités pour nous offrir ici une approche plus subtile et moins manichéiste. 

Bon, pour jouer de la romance, rien de bien compliqué. Il nous faut quelques personnages à qui nous ferons éprouver des sentiments, généralement contrariés par leur condition sociale, et avec comme seule opportunité possible la relation avec l'antagoniste - ou un pion aisément manipulable par ce dernier - c'est à partir de là que nous pourrons tisser des intrigues ancrant nos protagonistes dans l'histoire, celle en cours de développement, comme celle avec le grand H. 

Transcrire un élément tragique, comme il y en a quelques-uns dans le Cloître des vanités, implique des dilemmes moraux, des entorses envers ses croyances religieuses, envers la morale. C'est d'ailleurs là tout le sel de ce genre; Aller mettre en avant les éléments humains et individuels en les incluant dans la trame historique. Et inutile de se perdre dans les détails réalistes, nous avons toutes et tous des images d'Epinal associées aux différentes époques de l'Histoire, cela suffira amplement à planter le décor, même si l'autrice du Cloître des vanités est une amoureuse des vieilles pierres, nous gratifiant de descriptifs précis, toute la connaissance associée à une époque ne doit finalement servir qu'à pouvoir poser une atmosphère en fonction de l'aspect romance, tragique ou plus légère. 

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Pour ce qui est de l'adaptation de la romance historique avec les règles d'ULUJ, je ne vois pas de raison de modifier la quantité de jetons attribués à l'ADA - Action, Drama, Audace - les personnages ancrés dans l'Histoire seront a priori des individus ordinaires, se caractérisant plutôt par leur Etoffe, moins fantasque que dans d'autres thématiques, et pourquoi pas plutôt orienté vers des proverbes ou des éléments historiques plus classiques, tels que Spadassin ou Brodeuse. Bien qu'il ne faille pas forcément jouer dans une atmosphère sombre et torturée, le genre se veut plus ancré dans le réel - Oui bon, il y a bien un démon dans le Cloître des vanités - en tout cas plus en résonnance avec le genre historique.

Pas vraiment de changements particuliers pour le Point fort, restant une spécialité du personnage, et bien entendu, ne devant pas apparaître comme loufoque ou incongru, afin de respecter l'atmosphère de la romance historique. Il n'est pas non plus exclu de proposer des personnages flamboyants, à la Cyrano. L'intérêt de tels personnages étant alors de contrebalancer leur exubérance par des drames et des failles plus profondes. 

La Tirade sera probablement l'élément le moins employé dans cette thématique, elle pourra appuyer l'Etoffe ou se focaliser sur une émotion dominante éprouvée par le personnage, elle n'exclue en rien de la nuance, permettant alors de donner encore un peu plus de profondeur au personnage.  

01 avril 2022

Tu veux jouer? Amènes ton livre préféré!

 



Coucou les bouquinovores! Eh mais en fait, ULUJ veut dire Un Livre, Un Jeu, mais pourquoi ne pas amener son livre favori à la prochaine session, et créer une aventure à partir de passages de celui-ci? Nous pourrions très bien décider ainsi de raconter une histoire, en puisant directement dans le talent évocateur de nos auteurs et autrices favorites. 

A partir de là, plus aucune limite à l'expérience! Nous pourrions décider d'un nombre prédéfini de marque-pages, pour ne pas feuilleter tandis que nos camarades développent l'histoire, voir même décider de contraintes - Uniquement des romans de Stephen King - ou encore d'une thématique - des livres de cuisine - et bien entendu, il s'agirait ici de narration totalement partagée, les uns rebondissant aux mots des autres, avec passation à des moments opportuns, en fonction du plaisir à prendre la parole, en suivant plus ou moins une certaine cohérence. 

Et plutôt que de réciter les passages d'auteurs et autrices publiés, pourquoi ne pas essayer d'en tirer toute la substantifique moelle, en l'adaptant afin d'aller vers la création d'une narration commune et construite? Pourquoi pas en griffonnant un début, quelques jalons, et une fin. Nous aurions ainsi une version rôliste de Il était une fois, le jeu pour créer des contes, de Richard Lambert, Andrew Rilstone et James Wallis, mais cette fois-ci avec des livres et paragraphes choisi, en guise de cartes. Rien n'empêche d'ailleurs d'employer les fameuses cartes, en tant que contraintes pour diriger quelque peu le récit, même si quelques post-it peuvent servir aussi bien. 

Ainsi, plutôt que de jouer à ULUJ avec le support d'un livre unique, passant de mains en mains, chaque participant.e décidera d'amener un ouvrage, et tentera d'intégrer ses passages favoris à une création commune, pour le simple plaisir de créer, mais aussi de voir se rencontrer Benvenuto, de Gagner la guerre, et Leto II, de l'Empereur-dieu de Dune. Ce serait l'occasion d'intégrer l'idée du crossover, très courant en bande dessinée ou dans les séries télévisées, à l'univers littéraire! 

Il me semble plus intéressant d'adapter les passages choisis à ceux déjà racontés par nos camarades, afin d'entretenir une certaine cohérence, probablement toute relative après quelques lectures! Les noms ou lieux puisés dans notre roman pourront ainsi changer afin de maintenir la continuité du récit, par exemple dans votre exemplaire des Noces pourpres, Catlyn Stark pourra très bien être remplacée par la Enola Holmes du lecteur précédent, et à qui vous ferez subir quelques violences. L'idée pourra devenir rapidement loufoque, ou terriblement choquante! N'hésitez pas non plus à prendre des notes, à tour de rôle, afin que tout le monde garde le fil. 

Voilà pour cette idée de narration différente, à vous maintenant de me dire si vous voyez certains développements à ce concept. Je suis toujours très curieux de savoir ce qu'il vous passe par la tête, n'hésitez donc pas à laisser quelques mots en commentaire! 


15 septembre 2021

Mets du Neil Gaiman dans ton ULUJ!

 

Coucou les livrophiles! Aujourd'hui, afin d'égayer un peu nos parties enfiévrées avec ULUJ - oui, je sais que nous sommes tout juste une douzaine à le pratiquer - je vous propose d'introduire du Neil Gaiman dedans. Pas de panique, ce n'est pas très calorique, et tout à fait goûtu!

Alors je ne vous cache pas que, depuis deux décennies, cet auteur est devenu un modèle pour moi. Ses univers sont autant de claques à mon imagination, amenant invariablement de nouvelles réflexions, et surtout, en matière de narration pour le jeu de rôle, ce sont ses personnages qui auront amené le plus d'évolutions aux miens. Je tente donc ici de partager avec vous quelques clés afin que vous puissiez également saupoudrer votre pratique rôliste de cet auteur exceptionnel.


1. Humanité

Evidemment, le premier élément associé au style Gaiman est son amour pour ses personnages. Là où nous aurons souvent tendance à ne pas oser les débordements émotionnels pour nos antagonistes, ceux des romans et des comic books de Neil Gaiman ont toujours l'air d'avoir un grain de folie. Le Corinthien est bien un aspect cauchemardesque en vadrouille, il ne se prive toutefois pas de quelques tirades le rendant... humain. Bon, presque humain. Ce que je trouve toujours de différent chez cet auteur à ce sujet, est que tout simplement, il n'y a jamais de grandiloquence, les héros et héroïnes n'en font pas des caisses, dans leurs instants marquants, ils sont dépeints comme faisant juste leur job, ce qui bien sûr les humanises, même s'ils n'ont rien d'humain.

Les protagonistes sont toujours maladroits, avec des failles touchantes ou des habitudes loufoques. Le Monstre, chez Gaiman, fait souvent sourire, même s'il peut rester dangereux. La notion d'humanité est ainsi visible dans bon nombre de récits de l'auteur, tant dans Sandman, où Morphée essaie de comprendre l'Humanité, que dans American gods, dans lequel les divinités anciennes s'attachent aux humains. Gaiman nous montre toujours des traits auxquels nous pouvons nous identifier, des fragilités et des doutes trop rarement perceptibles ailleurs. 


2. Fantastique

De nombreux auteurs et autrices utilisent le fantastique, qu'ils et elles injectent dans un quotidien morne, gris et souvent fait de routines. Le principe de l'éveil, de l'élu, est classique, mais en y ajoutant le premier point abordé plus haut, ce basculement vers l'étrange prends chez Neil Gaiman une saveur bien particulière. Dans Stardust par exemple, le monde ordinaire est séparé d'un autre qui l'est bien moins par un simple muret dans un champ, les protagonistes ont bien conscience de ce fait, l'intègrent même dans un univers cohérent. Plus encore que l'habituel basculement, c'est un effet d'aller-retour que nous retrouvons souvent chez Neil Gaiman. Les entités non-humaines vivent en marge, dans des brumes ou sous des ponts, qui sont autant de poches d'étrangetés, mais s'avérant poreuses. Poreuses à l'Humanité, car là encore, les émotions sont au cœur de ces personnages fantastiques. Malgré la cruauté de beaucoup de ces entités, elles sont également capables d'empathie, et sans parler de celles qui sont simplement victimes des Hommes, l'on fini souvent par comprendre et accepter ces lieux et domaines étranges comme naturels. En somme, penser à présenter les éléments fantastiques comme... Fantastiques, puis revenir sur eux d'une manière plus ordinaire.


3. Histoire

Neil Gaiman n'invente pas ses univers, il les assemblent à partir de mythes et de légendes nous titillant toutes et tous, jouant avec eux comme avec nous, afin de nous présenter des éléments surprenants, à la base très académiques, mais prenant sous sa plume un côté pop particulièrement plaisant. Je pense à Norse mythology, mais plus encore à American gods ou Anansi boy. L'Histoire avec la grande Hache est un fil conducteur ancré dans nos inconscients collectifs. Ces références, de par la culture pop, parlent même à celles et ceux n'ouvrant que rarement des livres, et j'imagine que l'une des tâches de l'auteur est de s'imprégner de cette culture à travers les réseaux sociaux, où il est très actif. L'Histoire est citée, manipulée pour y faire entrer des éléments fantastiques, tordue dans tous les sens, mais respectée dans ses grandes lignes. On la retrouve dans Good omens, dans American gods et Sandman. 


Bien entendu, si vous avez perçu d'autres éléments propres au style de Neil Gaiman, je vous laisse partager vos trouvailles en commentaire! 

13 avril 2021

Comme dans une bd!

 


A mes yeux aussi riche que la littérature plus classique, le monde de la bande-dessinée est encore fréquemment considéré comme réservé aux plus jeunes esprits, alors que la richesse du neuvième art pourrait en démontrer à bien des auteurs. 

Je ne vais pas me lancer dans la création d'un nouveau blog à chaque fois que je veux adapter un support au jeu de rôle, et les passerelles entre romans et bande dessinées existent déjà suffisamment en assez grand nombre pour poser tout ça ici. J'aurai pu montrer également montrer le lien avec les sérivers de Comme à la télé, mais je vois un peu plus de ponts entre romans et bande dessinées. Comme dans une bd sera donc adapté via ULUJ plutôt qu'avec CàlT, cela n'aura guère d'incidence, de toute manière. 

Avec le support graphique pour aider à l'immersion, la bd, et plus particulièrement le comic book dans mon cas, part avec un grand avantage auprès des novices comme de celles et ceux aimant le fantastique ou la science-fiction. Je vais prochainement proposer American gods ou encore la Ligue des gentlemen extraordinaires, des œuvres déjà adaptées en films et séries, qui auront donc déjà touché des publics plus larges que ceux de leurs supports originaux. 

Je ne vois rien à adapter en terme de technique, et me servirai donc des règles pour ULUJ sans modification. Etoffe, point fort et Tirade seront ainsi restitués à travers des univers visuels aux saveurs différentes de leurs contreparties livresques. Pour une première salve de one-shot, j'ai choisi des comic books aux univers très marqués, comme Fables, la Ligue des gentlemen extraordinaires, Sandman, American gods et Moonshine. Les personnages vont ainsi pouvoir incarner des êtres hors du commun, souvent inhumains, tout en ayant des exemples visuels de l'ambiance, chose difficile à retranscrire rapidement avec des livres, et très limités avec les exemples de sérivers, dont les budgets pourtant énormes peinent à traduire des effets visuels de grande ampleur. 

Comme dans une bd! aura donc les mêmes règles que ULUJ, mais je vois déjà quelques petites astuces pour profiter pleinement du format comic book. Par exemple en présentant des planches afin de favoriser l'immersion et rythmer les scènes. Les participant.e.s pourraient même avoir accès à l'œuvre de référence, en format papier ou plus sûrement sur tablette, afin de pouvoir également amener des planches soutenant les actions qu'ils et elles souhaitent amener - on pourrait même envisager quelque chose à faire en combinant les mises classiques de ULUJ et d'éventuels bonus narratifs lorsque quelqu'un autour de la table présente une planche indiquant la saveur de la scène allant commencer. 

Plutôt qu'une Ellipse, utilisable avec des jetons noirs, il serait ici visuellement intéressant de sauter vers la première case d'une autre planche. La difficulté de l'action en cours permettant possiblement de déterminer le nombre de cases ainsi sautées. Les Flashbacks fonctionneraient de la même manière, offrant alors l'opportunité d'aller puiser dans de précédents numéros du comic book, afin d'y trouver de la matière utilisable pour ouvrir de nouvelles scènes. Il s'agirait alors de cumuler des jetons noirs, puis de se concerter pour trouver un élément utile à la suite de l'aventure. De la même façon, les antagonistes seraient potentiellement affecté par ces sauts d'une planche à l'autre, subissant des malus sur leurs actions face aux avantages retirés par les dépenses de jetons noirs des protagonistes. L'idée de rendre les limites physiques de la bande dessinée me plaît assez, et même si cela apporte un côté méta, voir cartoon, je pense qu'en soignant la mise en scène, cela pourrait fonctionner dans certains cas. Dès que l'aspect dramatique prévaut, cependant, je déconseille ce genre de pratique, pouvant clairement nuire à l'atmosphère propre de l'œuvre.

Voilà donc mes premières idées afin de profiter du format comic book durant de prochaines aventures rôlistes. N'hésitez pas à me laisser des commentaires si vous avez envie de partager des idées à ce sujet. Je reviendrai probablement avec des articles sur des bande dessinées spécifiques, ayant en leur sein de quoi changer les habitudes de jeu, en enrichissant l'expérience ludique.